Les terres noires d’Amazonie
Les terres noires d’Amazonie

HOOKaWORM est un projet original qui étudie les anciens systèmes d’utilisation des sols ayant nourri des millions de personnes tout en préservant la biodiversité et la résilience des écosystèmes.

Face à l’impact des activités humaines sur la nature, l’accroissement des besoins mondiaux en alimentation et en énergie oriente la recherche vers l’utilisation durable des ressources naturelles de notre planète, qui se raréfient rapidement.

Les terres noires d’Amazonie sont un exemple d’écosystème fondé sur des terrains dont les sols sont très riches en nutriments et dotés d’une capacité remarquable à piéger le carbone. Ce milieu contient un fort pourcentage d'humus, plus de 10 %, riche en potasse, phosphore et oligo-éléments. Les terres noires sont très fertiles. Le fort taux d'humus et d'argile leurs confère une réserve d'eau utile importante. Pour ces raisons, elles sont souvent considérées comme le meilleur sol au monde pour l'agriculture. Dans cet environnement, profondément transformé par les activités humaines au fil du temps, les chercheurs du projet HOOKaWORM ont analysé la composition et l’activité de la biodiversité du sol.

De nouveaux outils pour cataloguer tous les vers de terre
Pour évaluer la macrofaune du sol dans cet environnement, l’étude a fait appel à de nouvelles méthodologies. On appelle macrofaune les animaux visibles à l'œil nu, dont la taille varie entre 4 et 80 mm. Ce projet innove par son approche génomique, qui permet de recenser tous les vers de terre et de révéler leurs interactions pour préserver les propriétés du sol. Les analyses révèlent que le sol conserve sa richesse depuis des millénaires, mais que l'exploitation actuelle des terres réduit les nutriments et la biodiversité. Les observations attestent que les humains ont à la fois créé et préservé un système très fertile, et bouleversé à jamais la biodiversité de l'Amazonie.

La contribution de l'ensemble des organismes vivants du sol aux terres noires
Grâce à des outils moléculaires, les partenaires du projet ont identifié et caractérisé 45 espèces de vers de terre. D'après leur inventaire, les vers de terre sont les organismes vivants les plus abondants des terres noires d’Amazonie. En fonction de leur nombre, ils contribuent fortement à l'activité biologique des sols, avec les autres organismes vivants qui partagent leur habitat : flore, faune, champignons et microorganismes (bactéries, levures, etc.).

Vers un avenir durable
Les conclusions du projet révèlent que nos ancêtres savaient comment gérer leur environnement. Aujourd'hui, les habitants exploitent non seulement les ressources naturelles de leur habitat, mais aussi celles des territoires voisins, au détriment de l'équilibre des écosystèmes. HOOKaWORM met à disposition les données collectées pour nourrir un réseau collaboratif international appelé « terre noire d’Amazonie », qui rassemble une centaine de chercheurs de 20 pays et 35 institutions. L’équipe pluridisciplinaire, composée notamment d’anthropologues, d’archéologues, de biochimistes et de biologistes, combine son expertise pour élaborer une démarche scientifique solide aux enjeux majeurs pour notre planète.