Le ver est dans le fruit !

La langue française regorge d'expressions qui font référence aux animaux.

La langue française regorge d'expressions qui font référence aux animaux. Ils peuplent nos expressions, nos métaphores, nos proverbes, nos contes, nos fables, nos chansons, nos poèmes, nos romans... Ils nous servent à exprimer nos sentiments, nos pensées, nos opinions, nos valeurs, nos croyances, nos rêves... Ils nous permettent de communiquer avec humour, finesse, force, élégance, ironie, sagesse... Ils nous aident à comprendre le monde, à nous situer dans la société, à nous identifier à des personnages, à nous projeter dans des situations...
Découvrons ensemble quelques expressions familières.

Avoir le cafard

Être déprimé, avoir les idées noires, ne pas avoir le moral.
L'expression vient du mot « cafard » qui, à l'origine, désignait un faux dévot, un hypocrite, ou un mécréant. Charles Baudelaire popularise l’expression dans son poème La destruction (Les Fleurs du mal, 1857), en utilisant l’analogie entre l’insecte et la déprime, pour exprimer sa tristesse et sa mélancolie.

Donner sa langue au chat

Avouer son ignorance pour obtenir la réponse à une devinette.
L’expression dérive de la locution « jeter sa langue aux chiens » utilisée par Madame de Sévigné dans ses lettres, au XVIIème siècle. Au XIXe siècle, « donner » remplace « jeter », et le chien devient un chat. Donner sa langue au chat est le renoncement à la parole et le fait de la confier au chat pour être sûr qu’il la gardera.

Le ver est dans le fruit

Organisme corrompu
L'expression « Le ver est dans le fruit » signifie que la corruption s'installe dans une organisation. La situation se dégrade durablement, sans que rien ni personne n'intervienne, et qu'il est impossible ou trop tard pour faire quelque chose. Elle vient d'une métaphore qui compare une situation corrompue à un fruit infesté par un ver.

Ne pas être piqué des vers

Être parfait, remarquable dans son genre.
Elle vient du fait que les meubles ou les vêtements rongés par les vers sont en mauvais état, alors que ceux qui ne le sont pas sont de bonne qualité.

Nu comme un ver

Complètement nu.
L'expression « nu comme un ver » signifie être complètement nu, sans aucun vêtement ni accessoire. Elle fait référence à la fragilité et à la vulnérabilité du ver, qui n'a pas de protection ni de décoration sur sa peau. Cette expression date du XIIIe siècle, mais elle a été popularisée par le poète Charles Baudelaire dans son recueil "Les Fleurs du Mal" au XIXe siècle.

Poser un lapin

Ne pas venir à un rendez-vous
Au XIXème siècle, la signification de « poser un lapin » était « partir sans payer », puis l’expression s’est reportée sur la relation amoureuse. L’analogie du lapin décrit alors une personne qui ne respecte pas son engagement amoureux

Quand les poules auront des dents

Quelque chose qui n'arrivera jamais, que c'est impossible ou très improbable.
La première écriture de l’expression au XVIIIe siècle était « quand les poules pisseront ». Les premiers oiseaux avaient des dents. Descendants de dinosaures carnivores, les ancêtres des espèces aviaires actuelles les ont perdus sur le chemin de l’évolution. 120 millions d’années plus tard, est-il possible que la poule ait à nouveau des dents ?

Ramper comme un ver

Se déplacer au sol, se tortiller, se contorsionner.
L'expression signifie se déplacer à plat ventre, sans dignité ni fierté, en se soumettant à quelqu'un ou à quelque chose. Elle suggère une image de faiblesse, de honte, de lâcheté, ou de dégoût. L'expression peut être utilisée au sens propre, pour décrire la façon dont un ver se déplace, ou au sens figuré, pour critiquer le comportement d'une personne.
Voir le robot mou ramper comme un ver de terre !

Revenons à nos moutons

Revenir au sujet initial
La Farce de Maître Pathelin est une pièce de théâtre comique écrite probablement au XVe siècle. Elle est considérée comme un précurseur de la comédie moderne. L’auteur met en scène trois personnages principaux : Maître Pathelin, un avocat rusé et sans scrupules ; Guillaume, un drapier avare ; et Thibault, un berger naïf et simplet. Dans l'intrigue de la pièce, Pathelin conseille le berger, accusé d'avoir volé des moutons, de répondre "Bêêê" à toutes les questions du juge, pour faire croire qu'il est fou. Maître Pathelin, qui n'a plus d’autres clients, décide de voler du drap au marchand Guillaume, en lui promettant de le payer plus tard.
Beau-frère de Guillaume, dépassé par la situation et les atermoiements des protagonistes, le juge recentre le débat, qui dévie sans cesse, en rappelant « revenons à nos moutons ».

Tirer les vers du nez

Faire parler quelqu’un d’un sujet qu’il ne souhaite pas discuter, obtenir des aveux
L'expression évoque l’idée d’un interrogatoire subtil, et date au moins du XVe siècle. Elle serait issue des vers parasites du nez, une maladie assez répandue à l'époque. Les personnes affectées avaient honte de le dire au médecin. Ce dernier était alors obligé de les soumettre à un interrogatoire pour les faire parler.

Verser des larmes de crocodile

Pleurer de manière hypocrite, sans ressentir la moindre tristesse.
L’expression décrit quelqu'un qui simule des sentiments de tristesse ou de compassion, mais dont les émotions ne sont pas authentiques. Elle date du XVIe siècle et fait allusion à une légende de l'Antiquité où les crocodiles charmaient leurs proies par des gémissements.

Les animaux occupent une place centrale dans notre langage et notre culture. Ils enrichissent notre communication et notre compréhension du monde animal. À travers eux, nous trouvons des moyens d'exprimer et de partager nos émotions, nos idées et nos histoires, faisant de la langue française un véritable trésor d'expressions vivantes et imagées.
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